
Bernard-Henri Lévy, figure intellectuelle majeure, a assumé seul l’éducation de sa fille Justine, après que son ex-épouse, ancien mannequin, a pris la décision singulière de renoncer à la garde. Ce choix, longtemps resté dans l’ombre, trouve aujourd’hui un nouvel éclairage à travers le témoignage de Justine Lévy, qui livre une réflexion profonde sur son enfance atypique.
Dans son ouvrage Une drôle de peine, publié récemment aux éditions Stock, Justine Lévy explore les contours d’un deuil impossible et s’interroge sur la trajectoire hors norme de sa mère, disparue il y a vingt ans. « Enquête sur sa mère, mannequin et toxicomane disparue il y a vingt ans après une vie hors norme », écrit-elle, dévoilant ainsi les failles et les paradoxes d’une relation maternelle marquée par l’absence et la générosité inattendue.
Interrogée par Madame Figaro le 19 septembre, l’écrivaine revient sans détour sur ce passé singulier. Elle affirme n’avoir « réellement besoin de pardonner quoi que ce soit » à sa mère, soulignant que celle-ci n’a probablement pas mesuré l’étrangeté de l’enfance qu’elle lui imposait. « Accepter qu’on me confie à mon père alors qu’elle aurait pu se battre – à l’époque, c’étaient plutôt les femmes qui obtenaient gain de cause – a été sa manière à elle de bien faire. Elle a compris, un peu tard sans doute, qu’elle n’était pas faite pour élever des enfants. Et dans ce renoncement, il y a une forme de générosité. Elle aurait pu continuer à me garder et demander une pension faramineuse. »
Justine Lévy, enfance sans repères mais entourée d’amour
Malgré l’absence de cadre traditionnel, Justine Lévy insiste sur un point essentiel : elle n’a jamais souffert d’un manque d’affection maternelle. « J’ai manqué de cadre, de repères, de règles, mais je n’ai pas du tout manqué d’amour. C’est fondamental, et c’est ce qui fait qu’aujourd’hui, je suis plutôt gaie et heureuse. » Cette conviction, forgée au fil des années, témoigne de la complexité des liens familiaux et de la capacité de résilience face à l’instabilité.
L’auteure, qui partage deux enfants avec l’acteur Patrick Mille, évoque également la présence persistante de la maladie mentale dans sa lignée familiale, « la schizophrénie en particulier ». Elle confie avoir ressenti un profond soulagement à l’achèvement de son manuscrit, déclarant être « très contente d’être venue à bout de ce manuscrit ».
La quête de sens à travers l’écriture et la mémoire familiale
Pourtant, l’écriture de ce livre n’a pas dissipé tous les doutes. Justine Lévy admet : « Je ne suis pas certaine que cela ait servi à quoi que ce soit émotionnellement parlant. Certains éléments ont été clarifiés mais dans l’ensemble, je suis restée dans le brouillard. La différence, c’est que je continue de ne rien voir, mais que je me dis que ce n’est pas plus grave que ça. »
Ce témoignage rare et nuancé met en lumière la complexité des choix parentaux et la force des liens affectifs, même dans l’absence. Les confidences de Justine Lévy, marquées par la lucidité et l’acceptation, invitent à repenser la notion de transmission et de résilience au sein des familles marquées par l’exception.



